Les techniques de pêche du sandre...

Par Pascal Durantel 

 

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Les techniques de pêche du sandre

 


Si la pêche du Sandre (Stizostedion lucioperca) est théoriquement possible toute l’année, les deux meilleures périodes semblent être le printemps (on s’interdit alors de profiter de l’agressivité du poisson née de l’approche de la fraye) et l’automne.

Les postes à sandre
Le sandre n’appréciant guère la lumière, il se réfugie dans les zones profondes encombrées de végétation. Ce comportement n’est pas constant, et les habitudes du poisson varient selon les saisons et les mouvements d’eau : il peut ainsi monter chasser sur des secteurs totalement atypiques, comme un banc de sable très ensoleillé ou un courant vif. Le sandre, tout comme le brochet, recherche avant tout la présence du poisson-fourrage, qui lui-même doit trouver dans le milieu une nourriture abondante et des conditions de reproduction satisfaisantes.

La bonne connaissance des postes, l’analyse exacte et intuitive des fonds sont des facteurs de réussite essentiels. Le sandre apprécie tout ce qui brise l’uniformité d’un relief. Pour les lacs de barrage : le pêcheur prospectera en priorité tous les secteurs comportant des obstacles noyés de toutes tailles : pierriers immergés, buissons rivulaires, grands arbres noyés, etc, tous les accidents de relief ainsi que les parages des îles et des îlots, les grands fonds, surtout l’hiver ; la tête de lac, au niveau de l’arrivée de la rivière et toutes les anses et les criques qui reçoivent un tributaire contribuant à l’oxygénation de l’eau.

Dans les ballastières, nous retrouvons les mêmes types de postes, sans oublier les abords du chenal de communication avec le cours d’eau, les rétrécissements entre deux bassins, le courant d’arrivée venant d’un autre bassin, la présence d’une source, le courant de sortie, les abords de la drague qui creuse le plan d’eau, les matériaux noyés et abandonnés tels que godets de charge, câbles, barges ou tapis roulants.

Pour les fleuves et rivières, les postes sont plus difficiles à cerner, en raison des variations brusques que subit le milieu. Le sandre se tient généralement à l’abri des courants dans les parties calmes et profondes, les fosses, les remous lents. Cela ne l’empêche pas de venir chasser, notamment en juillet-août, en eau rapide. On le rencontre également à proximité immédiate de tout obstacle brisant la violence du courant, au pied des falaises, près des berges boisées dont les arbres et arbustes surplombent les rives. La limite du courant principal, les secteurs profonds où l’eau coule à contre-courant sur plusieurs dizaines de mètres offrent encore d’excellents postes.

La pêche aux leurres
Le sandre montre une étonnante faculté d’adaptation aux leurres, dont il apprend très vite à se méfier ! Voici quelques années, l’apparition des leurres souples a ouvert des horizons nouveaux aux pêcheurs de carnassiers. On a cru au leurre miracle tant les premiers essais furent concluants, d’où un engouement foudroyant. Ces petites formes gélatineuses et aberrantes proviennent des Etats-Unis où elles ont été créées pour la pêche du black-bass. Efficaces, d’un emploi fort simple, d’un prix d’achat modique, elles présentent d’autres avantages : la hampe de l’hameçon, dirigée vers le haut du leurre, permet de pêcher sur des fonds très encombrés qui interdisent l’emploi de tout autre leurre. Le leurre souple prend aussi le relais de techniques confirmées en pouvant provoquer l’attaque d’un sandre chipoteur, «forcer la main» d’un poisson que l’on sent mordeur mais méfiant. Les ondes de pression émises n’ont jamais été aussi proches de la réalité, identiques à celles d’une proie habituelle qui se déplace en milieu liquide. Malheureusement, après quelques pêches miraculeuses, on a vite déchanté : le sandre a appris à se méfier du piège, qui a montré certaines faiblesses. Le système de monture est toujours resté le même, et c’est là que le bât blesse ! En effet, l’hameçon SPID plombé en tête et destiné au leurre souple, à hampe longue, confère une trop grande rigidité à l’ensemble, d’où ratés ou décrochages. La plombée, qui n’est pas interchangeable, signifie l’impossibilité d’adapter le lest à la profondeur prospectée. De plus, à chaque type d’hameçon plombé correspond une longueur précise que l’on ne peut varier. Le débutant a de quoi être dérouté devant l’immensité du choix des leurres. Il existe d’innombrables modèles, plus ou moins figuratifs, qui peuvent imiter poissons, lombrics, lamproies, amphibiens. Selon leur aspect, ils travaillent différemment. Un kat à queue aplatie, par exemple, censé imiter un petit gardon, produit des ondes plus sèches et plus courtes qu’un twist à queue souple ou toute autre virgule très ondulante. Le premier est à réserver aux eaux courantes, les seconds aux eaux calmes où le travail du leurre est effectué par une action de dandine. Il existe également plusieurs types de montures. Les têtes plombées (de 4 à 15 g), les plus utilisées, sont intéressantes sur les secteurs très encombrés qui interdisent tout autre leurre. Les montures articulées en tête, à plombée interchangeable, permettent un travail du leurre des plus attractifs, à la manière d’un poisson mort manié. Le leurre souple, frétillant, est attractif dès son entrée dans l’eau. On augmente toutefois ses chances en lui imprimant de la pointe de la canne des saccades et des tirées qui le font progresser sur le fond par petits bonds et glissades, à la manière d’un poisson mort. On doit conserver les yeux rivés sur le fil lors de l’immersion et de la chute jusqu’au fond, l’attaque pouvant avoir lieu lors de la descente. La cuiller tournante ne semble pas donner des résultats constants ni très satisfaisants. Les ondulantes seraient meilleures, car elles travaillent près du fond, sans toutefois jamais égaler les leurres souples. Les meilleurs leurres métalliques sont les montures en tandem Jig, cuillers tournantes assorties de leurres souples. En matière de poissons nageurs, ce sont surtout les modèles grands plongeurs (Shad Rap 7 ou 9 cm), descendant à la verticale lors d’une récupération rapide, qui donnent les meilleurs résultats. Ce travail de tirées et de relâchers permet ainsi de prospecter les fonds moyens des lacs de barrage. De tous les poissons chasseurs, le sandre est certainement celui que les leurres intéressent le moins, hormis bien entendu la fameuse gamme des leurres souples !

La pêche à la mouche
Cette technique est citée pour mémoire car très mal adaptée au comportement du sandre qui évolue le plus souvent en eau profonde. Elle n’est guère applicable qu’en juillet-août, lorsque les sandres recherchent l’ombre des bordures ou chassent sur les hauts fonds ensoleillés, et lors des premières crues d’automne, quand le prédateur «monte» chercher l’alevin sur les bordures calmes ou dans les eaux closes dont la profondeur n’excède en aucun cas 3 à 4 m. Afin de disposer d’un «bras de levier» suffisant permettant un ferrage efficace, la canne est choisie dans les modèles destinés à la truite de mer ou à la pêche en réservoir, d’une longueur de 10 pieds. Légère afin de ne pas engendrer une fatigue supplémentaire due aux innombrables lancers, elle a une action de pointe, pour animer correctement le leurre à distance, sous plusieurs mètres d’eau. On peut plomber le streamer, ce qui risque de brider sa nage et de le rendre moins attractif, la meilleure solution consistant à opter pour une soie qui travaille en profondeur (extra fast sinking).Très sélectif, le sandre s’intéresse plutôt aux mouches imitant un alevin. Le streamer peut être monté sur un hameçon à hampe longue n° 2/0. On recherche les hauts fonds et les bordures ombragées susceptibles d’abriter des sandres. Lorsque le leurre est parvenu au fond, il est animé par des successions de tirées brèves et irrégulières, entrecoupées de tressautements sur place. La touche, légère sensation de lourdeur à la traction, a souvent lieu au cours d’un relâcher ou d’un décollage du fond.

La pêche au vif au flotteur

Cette technique simple permet de taquiner le sandre dans les fosses et fonds très encombrés, là où des méthodes traditionnelles (poisson mort manié) se révèlent inopérantes. Selon que l’on pêche du bord ou en bateau, l’emploi d’une canne de 3,50 à 5 m fait l’affaire. L’action de pointe doit être assez rigide. Le moulinet à tambour fixe de type lancer léger est garni de 150 m de nylon en 22 à 28/100e selon l’encombrement des lieux. Les meilleurs vifs ont une longueur comprise entre 6 et 10 cm. Ce sont toujours des poissons aux flancs recouverts d’écailles brillantes, qui renvoient de vifs éclats argentés, tels que l’ablette, le petit chevesne, le gardonneau. Goujons ou vairons peuvent également se révéler excellents. Il est important de sonder dans un premier temps la hauteur de la colonne d’eau à la verticale du scion, afin de bien pêcher au ras du fond. Dans les grands plans d’eau, il est conseillé d’immerger une ligne à 15 m, l’autre à 20 m, la troisième à 25 m, afin de multiplier les chances de rencontrer un banc de poissons.

La pêche au vif,  à la tirette
Cette technique consiste à lancer puis à ramener peu à peu sur le fond, par petites tirées successives entrecoupées de temps d’arrêt, un vif accroché par les lèvres. On peut ainsi pêcher à des profondeurs nettement supérieures (30 à 40 m contre 15 m au «manié»), lancer à des distances plus grandes (60 à 70 m), utiliser des alevins de 4 à 5 cm montés sur des hameçons n° 10 lorsque le sandre centre sa prédation sur le menu fretin. La canne est légère, souple à la pointe, d’une longueur de 3,50 à 4,50 m. Le moulinet à tambour fixe de type lancer léger est garni de 150 m en 24 à 26/100e. Le montage se termine par un hameçon simple 1/0 à 10 selon la taille du vif, qui peut être une ablette, un chevesne, un goujon, un vairon, une perchette, voire une écrevisse, une couenne de lard, une lanière d’encornet ou un leurre souple. Le poissonnet est enfilé à l’hameçon par la bouche. La pointe, tournée vers l’extérieur, cloue les deux lèvres. On effectue un lancer en direction des postes présumés. Lorsque le montage est parvenu au fond, on referme le pick-up puis on commence à récupérer par petites tirées d’amplitude variable, entrecoupées de temps d’arrêt plus ou moins longs pendant lesquels le vif s’active. A la touche, qui se traduit par un choc, une tirée, une tension dans le fil, on ouvre le pick-up pour rendre la main quelques secondes. Le ferrage est ample et énergique.


La pêche au vif, à la plombée

Seule cette méthode permet de prospecter avec le maximum d’efficacité les grandes profondeurs des ballastières et des lacs de barrage. La canne a une longueur de 2,70 à 3,80 m selon que l’on pêche du bord ou en bateau. Le moulinet est garni de 150 m en 20 à 26/100e. Plusieurs types de montages sont utilisables : une plombée simple, une plombée en dérivation, un flotteur coulissant ainsi qu’une plombée coulissante. Le vif est lancé moelleusement puis légèrement freiné lors de sa chute pour éviter les emmêlages et obtenir un étalement correct du montage. Le pick-up est maintenu ouvert. Il est important de lancer le plus loin possible, puis de ramener de 1 ou 2 m vers la berge toutes les dix minutes environ. Si le sandre avale franchement l’appât : il convient de laisser partir 1 à 2 m de ligne avant de ferrer énergiquement.

La pêche au poiss
on mort manié
Longtemps considérée comme la reine des pêches aux carnassiers, le sandre a néanmoins appris à s’en méfier. En de nombreuses circonstances, notamment dans les lacs de barrage ou les ballastières, dans tous les endroits profonds encombrés d’obstacles, elle demeure la technique la mieux adaptée au comportement du sandre. C’est aussi la plus sportive des pêches aux carnassiers.La canne doit être suffisamment raide pour transmettre, au-delà de 25 m, la nervosité et l’ampleur des mouvements donnés au poisson mort et être suffisamment légère pour travailler longuement et efficacement sans fatigue excessive (elle pèse moins de 200 g). Leur longueur varie de 2,50 à 2,70 m si l’on pêche en bateau et n’excède pas 3,80 m lorsqu’on prospecte des rives.Le moulinet est choisi dans les modèles à tambour fixe de type « lancer léger ». Son poids ne doit pas excéder 300-320 g. Il est d’une robustesse à toute épreuve, d’autant plus que le frein est réglé à la limite de la casseLe choix du diamètre et de la couleur du fil revêt une importance capitale. Avec la canne, il constitue «l’œil» du pêcheur, il est donc choisi dans des teintes vives : jaune fluo ou rouge corail.L’action de pêche consiste à donner l’illusion de la vie au poissonnet, afin de déclencher l’attaque du carnassier. Le lancer s’effectue souplement en balançant sous la canne, avec la meilleure précision possible et la plus grande discrétion, en direction du poste présumé. Pick-up ouvert, on garde ensuite du doigt un contrôle vigilant de la descente du leurre. La faute classique du débutant est d’effectuer une courte tirée qui, 30 m plus bas, n’a aucune incidence et ne fait pas bouger le poisson ! Le mouvement de traction décrit peut être accompagné de courtes saccades nerveuses imprimées sur 1 ou 2 m, ou au contraire de lentes tirées provoquant de molles ondulations. La touche peut se traduire par une incroyable diversité de sensations, souvent peu perceptibles, auxquelles il convient de répondre instantanément par un ferrage ample et énergique. Tout retard signifie invariablement un ratage, le sandre relâchant très vite la monture piégée.

La pêche au ver manié

Cette technique agréable et simple a été élaborée par les pêcheurs de sandre qui peuvent ainsi continuer à traquer leur poisson favori en période de fermeture spécifique du brochet. Le matériel est sensiblement identique à celui utilisé pour la pêche au poisson mort manié. On choisit de beaux lombrics à tête noire dont la taille varie de 12 à 15 cm. Le ver est esché en le piquant en 3 fois immédiatement en arrière de la tête si l’on utilise un hameçon triple, en deux fois de manière à former une petite boucle avec un hameçon simple. Il s’agit de laisser pendre le corps librement de manière à obtenir une allure souple et ondoyante.On effectue un lancer en souplesse, en freinant la chute grâce à une action de l’index sur le nylon, afin d’éviter de déchirer le ver par une arrivée trop brutale. On contrôle ensuite la descente jusqu’au fond, en maintenant la bannière tendue, avant de relever le scion d’un mouvement sec : l’appât va décoller de 20 à 30 cm. On accompagne à nouveau sa descente, avant de recommencer le même manège, tout en prenant bien soin de conserver un contact permanent avec le fond. Il est important de varier la vitesse de récupération, afin d’imprimer une nage ondulatoire au ver et de laisser reposer l’appât quelques instants sur le fond entre chaque tirée et relâcher. En effet, les touches se produisent souvent pendant ces courts instants et se traduisent alors par une tirée nette et visible en surface. On répond à l’attaque par un ferrage instantané.


Le poisson mort p
osé

Cette technique redoutable permet la capture de gros sandres. Nous savons en effet que leur comportement alimentaire les incite à ramasser les poissons morts tués par leurs congénères de taille moindre lors des frénésies alimentaires. On peut utiliser dans la mise en œuvre de cette méthode le matériel sophistiqué des pêcheurs de carpe, ou plus simplement celui décrit pour la pêche à la plombée. Un hameçon triple est préférable pour l’eschage des tronçons de poissons. Certains pêcheurs utilisent des morceaux de maquereaux, qui exigent un amorçage préalable. Le tronçon d’anguille est très apprécié, ainsi que le tout petit poisson (gardon, ablette…) fraîchement tué. Les vifs congelés sont également prisés, dans la mesure où ils semblent très frais.

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